Léa, tu es aujourd’hui chargée de formation au sein du pôle engagement et citoyenneté depuis 2 ans. Quel est ton parcours avant ton entrée chez Léo Lagrange Ouest ?
Je suis partie de Nantes pour mes études. J’ai fait un master en management du sport en STAPS à Montpellier. Ensuite j’ai été chargée d’intervention dans les lycées pour traiter les sujets de produits psychoactifs inhalés par les jeunes afin de les sensibiliser.
En parallèle j’étais dans le domaine sportif en tant que basketteuse.
Mon dernier poste avant de revenir dans ma ville natale était « chargée de projet de la pollution de l’air » à l’observatoire de la qualité de l’air du Languedoc Roussillon. J’intervenais dans toutes les écoles de la région.
Peux-tu nous décrire ton poste actuel ? En quoi consiste tes principales missions ?
Mon temps est réparti en deux. Je travaille à 80 % pour la mission périscolaire nantaise en tenant des formations auprès des équipes d’animation (Directeur·rice·s et animateur·rice·) concernant les thématiques suivantes :
- Harcèlement entre enfants : détecter et réagir,
- Prévenir les violences éducatives ordinaires,
- La gestion des émotions,
- La gestion de conflit entre enfants,
- Et égalité filles – garçons.
Je suis chaque matinée en accompagnement des équipes d’animation de la mission périscolaire nantaise. Durant l’année 2020-2021, les formations les plus sollicitées étaient la gestion des émotions. Cette année c’est la gestion des conflits. On peut imaginer que les conditions sanitaires en sont pour quelque chose. Cette période est très compliquée à vivre pour les enfants et ils ont du mal à gérer leurs émotions.
L’ensemble des équipes doivent suivre durant l’année des cycles de formation « obligatoires » comme :
- Égalité filles – garçons (3 animateur·rice·s par école)
- Valeurs de la république et Laïcité
Pour le reste des interventions au programme, les équipes choisissent une thématique. J’anime 2 h de formation puis je reviens 1 à 2 mois après pour 1h de bilan, d’analyse de pratiques et d’ajustement si nécessaire.
Les formations les plus demandées sont celles qui traitent des conflits entre enfants. Les animateurs et animatrices ont besoin d’apports à ce propos.
Le module « Harcèlement entre enfants » est moins demandé. Les équipes qui le réclament ont de sérieuses problématiques à régler sur site. Mais on peut imaginer que chaque équipe est confrontée à cette problématique, il faut simplement faire des choix.
Mes 20 % restants concernent des interventions externes à Léo Lagrange : en réponse à des appels à projets, notamment de sujets de violences faites aux femmes en milieu scolaire dans les collèges.
J’interviens également dans les collèges, lycées, AFPA et CFA (centres de formation) auprès des jeunes de 11 à 25 ans dans le cadre de projets pour lutter contre le sexisme, lutter contre les discriminations et sensibiliser aux sujets de la vie affective, sexuelle ou de laïcité.
Qu’est ce qui te motive dans ton travail ?
J’adore l’ensemble des sujets que je traite. Je ne m’ennuis jamais et quand on s’intéresse à tous ces sujets, on s’enrichit intellectuellement !
Ce qui me motive est aussi l’accueil que je reçois par mes collègues que ce soit les directeur·rice·s et animateur·rice· s. Les débats sont vivants. Tout le monde n’est pas d’accord ce qui rend les échanges très riches. J’ai la chance de croiser des professionnels qui aiment leur métier, qui aime partager.
J’arrive en amont de la séance pour faire connaissance avec la direction et l’équipe d’animation et je reste un peu après la formation pour débriefer. Un vrai lien est créé avec les équipes, c’est trop bien ! Aujourd’hui, il est difficile de faire un échange de pratiques entre équipes compte tenu des contraintes sanitaires. J’ai donc créé un PADLET par thématique pour répertorier mes outils et tout ce que les collègues me partagent post-formation. Je leur transmets ainsi des informations autour de mes interventions et des retours d’expérience des équipes.
« Je me sens utile et la sensation d’avancer et faire évoluer les autres est une vraie source de motivation. »
As-tu une préférence dans les formations que tu mènes ?
Moi je ne suis pas en lien direct avec les enfants. La formation adulte me plait beaucoup et changer de public me convient également.
Personnellement : « La gestion des émotions » est la formation qui me passionne. Nous sommes une génération qui n’a pas appris à gérer ses émotions. C’est pourtant une des clés de comportement qui explique énormément de choses. Comprendre le fonctionnement du cerveau de l’enfant permet d’adapter ses réactions d’adulte.
J’aime aussi former autour des « violences éducatives ordinaires ».
J’ai la chance d’avoir participé aux Assises de la protection de l’enfance en 2021. Nous sommes dans un niveau sociétal où la parole se libère, les professionnels de l’enfance sont en pleine réflexion là-dessus. Des postures peuvent être tenues, qui peuvent engendrer de graves conséquences sur un enfant. Nos formations sont donc là pour prévenir des dérives.
Il est important que les équipes d’animation aient des temps formalisés pour réfléchir en équipe à leurs postures et qu’ils aient connaissance de ces sujets. Nous sommes là pour les accompagner, les faire se questionner sur leur posture professionnelle et leur faire prendre conscience du « pourquoi de certaines actions ou réactions » « quelles sont les conditions qui ont font que… », « quelles sont les conséquences de » … sans jugement.
Parfois les formations sont fortes en émotions. Nous prévenons que certains passages vont peut-être être liés à des vécus personnels.
« Tout est analyse dans la vie »
As-tu des projets à venir que tu aimerais entreprendre à nous partager ?
Nous sommes en discussion avec l’équipe du Pôle Engagement pour créer un module autour des « Violences faites aux enfants », complémentaire aux protocoles proposés par la Fédération Léo Lagrange. L’objectif est de créer un projet pour former les équipes. Les formations actuelles évoluent toujours mais j’aimerais qu’on puisse proposer d’autres thématiques dont celle-ci :
Comment accueillir les paroles des enfants victimes de violences et quoi mettre en place dans ces situations ?
Par exemple j’ai eu la chance d’échanger en direct lors d’une webconférence avec Daniel Delanoë, psychiatre et anthropologue. J’aimerai approfondir et me mettre en lien avec les collègues de la Fédération Léo Lagrange pour envisager des collaborations.
Un de mes projets futurs également serait de prendre part à des missions de solidarité internationale. Ce que je trouve génial chez Léo Lagrange, c’est de pouvoir garder ses missions tout en pouvant s’ouvrir à d’autres horizons. Avec le service international, j’aimerai partir à l’étranger et voir ce qui se fait ailleurs. Découvrir d’autres formes d’éducation, d’autres courants de pensées. Et je trouve gratifiant de se dire en toute modestie qu’on a la possibilité de faire bouger les choses !
Un mot, un message à faire passer aux équipes ?
Un grand merci aux collègues pour leur accueil et les échanges en continue si enrichissants tout au long de l’année. Ils me montrent leur intérêt et ça me motive moi-même dans mon travail ! Ça me donne envie de me battre pour améliorer leurs conditions de formation !